lundi 11 juin 2007

Que vaut un sans-papiers qu’on expulse ?


Français, on vous ment ! Un sans-papier qui travaille, ça ne coûte pas un sou au contribuable ; je dirais même plus, un sans-papiers qui travaille, c’est de la croissance en plus. C’est un sans-papiers qu’on expulse qui vaut la peau des fesses du contribuable. Et nous allons vous le démontrer. Quand on est un sans-papiers on travaille toujours chez un patron qui vous rappelle sans cesse que c’est grâce à lui que vous vivez. Si vous arrivez à nourrir vos enfants restés en Afrique, au Maghreb ou en Asie, c’est un peu pour les maigres sous qu’il vous donne ; et s’il vous fait travailler plus tard le soir, c’est pour éviter que les flics vous embarquent lors d’un contrôle d’identité « fortuit ». Les sans-papiers qui travaillent connaissent toutes les genres de cotisations que lui impose le système ; il n’en rate pas une et fait tout pour être en règle avec le fisc. Avec son locataire, il s’oblige à payer son appartement au prix fort, même si ces enfants n’ont pas assez de place. A la cantine, il paye le tarif plein car un sans-papiers, ça n’a pas de quotient familial ; et comme ça n’a pas de quotient familial, ça n’a pas droit aux allocations familiales et à l’APL. Ces enfants peuvent crever, ils n’auront rien de la Caisse des allocations « familiales » ; peut-être une bourse, pour celui qui est au Collège ? La circulaire sur les conditions d’attribution de bourses aux enfants étrangers exige la régularité du séjour des parents. Une petite médecine douce pour la dernière née ? Il faut payer pour la soigner parce que pas de numéro de sécurité sociale. Mais pourtant, il paye sa taxe d’habitation qui alimente le budget de la commune, et on aurait pu croire que cela donne des droits aux enfants d’étrangers scolarisés, mais non, ils sont assignés à résidence pour les vacances car ils n’ont pas de DCEM( Document de Circulation pour Etranger Mineur). Le seul droit qu’ont les sans-papiers, c’est de travailler sur tous les chantiers de France, dans tous les restaurants de France et de la fermer. Votre patron ne vous paye pas ? Pas grave car il sait que vous ne vous plaindrez nulle part ailleurs. Sans-papiers, producteurs de richesses, mais sans droits.
Et à contrario, que vaut un sans-papiers qu’on expulse ? Plus de 3000 € au contribuable et parfois au delà de cette somme. Un ILE ( Infraction à la Législation sur les Etrangers-c’est le doux nom que les flics donnent aux sans-papiers qu’ils arrêtent) qu’on arrête à Strasbourg lors d’un banal contrôle d’identité est conduit dans un Commissariat de Police pour une Garde à vue de deux jours. Il faut payer les flics qui le gardent à vue et ils sont rarement moins de deux. S’il ne parle pas la langue de Sarkozy, il lui faut un interprète que la Police de Sarkozy paye ; s’il est malade, c’est la visite médicale à 50 € encore aux frais de la princesse. Un petit tour dans un Centre de rétention administrative mobilise plusieurs policiers et une escorte qui doit gagner plus car elle travaille plus. Retenu dans un CRA (Centre de Rétention Administrative), l’étranger coûte 8,6 € par jour ; il peut y passer 30 jours et faire plusieurs allers-retours entre le CRA et le tribunal (escortes et policiers supplémentaires qu’il faut payer). Si un LPC (Laisser Passer Consulaire) est délivré à l’encontre de l’étranger, il faut l’embarquer vers son pays d’origine. Imaginez qu’il vienne de Madagascar et que l’avion décolle de Roissy Charles de Gaulle ; la nouvelle ligne de TGV-est doit être mise à contribution (60 € en classe économique pour le retenu et chacun de ses geôliers). Un aller simple pour Antananarivo, c’est 1500 € et pour éviter que l’expulsé ne se débatte, il faut qu’il soit accompagné par un policier ; et il faut que ce policier revienne en France. Et maintenant, imaginez un seul instant que ce malgache ne soit pas seul ; qu’il soit marié et qu’il soit l’heureux père de 3 enfants. Faites le calcul et essayez de me démontrer rationnellement qu’un sans-papiers qu’on expulse vaut mieux qu’un sans-papiers qui travaille.

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