mercredi 28 novembre 2007

Nicolas Sarkozy où la nouvelle définition de la présomption d’innocence

De retour de Chine, après avoir signé des contrats d’une valeur de 20 milliards d’Euros au profit de l’industrie française, Nicolas Sarkozy revient vers ses premiers amours : les arabes, les noirs et la banlieue. Pour ceux-là, ce n’est pas autour de milliards d’Euros que les discussions tourneront, et dés sa descente d’avion, à Eaubonne, il leur a promis la fermeté et la cour d’assises pour ceux qui ont tiré sur des fonctionnaires de Police. Une fois de plus, Sarkozy qui avait mis le feu aux poudres des banlieues parisiennes en 2005, en remet une couche et appelle à une répression encore plus dure contre ses ennemis intimes de toujours.

Ils s’appelaient Moushin et Larami, un peu comme Zyad et Bouna morts en 2005 par électrocution dans un transformateur EDF ; ces enfants d’immigrés sont morts après une collision avec une voiture de police le dimanche 25 novembre 2007, alors qu’ils roulaient sur une mini-moto, interdite à la circulation.

L’enquête, disons le tout de suite est close ; close par les médias ; close par les hommes politiques de droite ; close par les syndicats de policiers et par la procureure de Pontoise qui a déclaré mardi que « l'examen technique de la moto et de la voiture de police corroborait les premiers éléments de l'enquête et écarte donc la responsabilité des policiers dans l'accident…... La retranscription des messages radio montre également que les policiers étaient présents à l'arrivée des secours ». Et toc, c’est fini et dites vous bien que Moushin et Larami ne resteront plus que dans la mémoire des Beauvillerois.

Dés l’annonce du drame, le gouvernement de Sarkozy est parti prendre des nouvelles des policiers et pompiers qui ont essuyé des tirs à Villiers-le-bel. Nous avons assisté, à la télévision, à une visite pathétique du Premier Ministre au PC de sécurité, où il s’est entretenu avec un policier blessé au poignet et visiblement traumatisé, après les nuits de violences. Presque au même moment, le père de Larami, l’un des adolescents décédés, demandait juste une chose : « la vérité et la justice »

Au-delà des violences de ces dernières nuits, qu’il ne faut surtout pas excuser ou absoudre, c’est encore une fois la réponse du gouvernement de Fillon qui nous glace véritablement le sang. Non seulement on ne parlera plus de ces jeunes adolescents de 15 et 16 ans, « morts pour la France » quand même, mais on s’acharne contre les jeunes, biens vivants cette fois-ci, qui expriment leur ras-le-bol contre des politiques, vieilles de trente ans, qui n’ont jamais fait que les marginaliser davantage. Le primus inter pares des Ministres a déjà déclaré que « Le gouvernement est totalement déterminé à faire en sorte que l'ordre revienne le plus rapidement possible sur ce territoire"; il ajoute par ailleurs que "tous les moyens seraient donnés aux forces de l'ordre" pour y parvenir. Michèle Alliot-Marie, la ministre de l'Intérieur, indique pour sa part que le "dispositif policier" mis en place serait "maintenu autant que nécessaire" et que les "délinquants" ne pouvaient "espérer aucune tolérance". Dès sa descente d’avion, Sarkozy, qui a pris des leçons sur les de Droits de l’Homme en Chine, fait monter les enchères et affirme que "Ceux qui prennent la responsabilité de tirer sur des fonctionnaires se retrouveront devant la Cour d'assises. Cela porte un nom, c'est une tentative d'assassinat". Le tribunal correctionnel de Pontoise avait d’ailleurs assez rapidement ordonné le placement sous mandat de dépôt de huit jeunes hommes accusés d'avoir participé aux violences ; et quatre d’entre eux ont d’ores et déjà été condamnés à des peines de trois à dix mois de prison ferme.

Contre l’indignation violente de la mort violente de l’un d’entre eux, les jeunes de Villiers-le-bel n’ont d’autre réponse à leur haine, qu’à la haine du gouvernement de Sarkozy. On peut se demander pourquoi avec Sarkozy, il y’a des lieux où la présomption d’innocence joue assez instantanément (par exemple avec lui sur l'enquête préliminaire portant sur les conditions d'acquisition d'un appartement à Neuilly-sur-Seine, avec son ami Bernard Laporte visé par une enquête fiscale et avec Arnaud Lagardère sur le délit d’initiés concernant la vente du capital d'EADS), et que sur d’autres lieux (en banlieues sensibles) , cette présomption d’innocence ne joue quasiment jamais.

La Cour des comptes avait dernièrement rendu un rapport accablant, sur la gestion des fonds attribués aux banlieues. La cour des comptes y dénonçait entre autres la "lourdeur des dispositifs", "l'inconstance des politiques", "les retards de paiement aux associations", ou encore le "désengagement de l'Etat avant les émeutes" de 2005. Grosso modo, la Cour des comptes remettait en cause toutes les politiques qui ont été mises en place, par les gouvernements de droite sur les banlieues. C’est un constat d’échec qui ne peut être expliqué que par la façon dont l’ancien ministre de l’intérieur gère ces banlieues qu’il déteste tant.

La France de Sarkozy risque, si l’on y prend garde, de devenir Jena, cette petite ville de Louisiane, aux Etats-Unis où lorsqu’on est un groupe de blancs et que l’on tabasse un jeune noir, on est inculpé pour « coups et blessures, en réunion » ; et à contrario, lorsqu’on est un groupe de jeunes noirs et que l’on tabasse un jeune blanc, on est inculpé pour « tentative de meurtre ». Yvan Colonna, le berger de Cargèse, n’est pas noir mais la justice de Sarkozy va démontrer que dans cette histoire de meurtre, qu’à défaut d’être le mouton noir, Yvan Colonna est le bouc émissaire.

mardi 27 novembre 2007

Quand Hippopotamus Grill(e) ses sans-papiers

Ils étaient cinq, comme le nombre d’années qu’ils ont passé à travailler dans un restaurant connu de l’Essonne ; Ils sont maliens, ivoiriens, malgaches et sont arrivés en France presqu'à la même époque. Pour survivre sans-papiers en France, c’est bien connu, il faut travailler au « Black » et ces blacks ont trouvé du travail dans un restaurant de Gif sur Yvette. Pendant cinq longues années, ils ont fait partie de la France qui se levait tôt, de celle qui travaillait plus pour ne pas gagner grand chose ; ils sont locataires, parents d’enfants scolarisés, intégrés en France et solidaires de leurs compatriotes restés dans leurs pays d’origine. A la fin du mois de mai, le restaurant à été repris par Hippopotamus et la première décision prise par le nouvel employeur a été de les licencier. Mais que vaut un papier si pendant cinq années vous n’en avez pas eu besoin pour augmenter le Chiffre d’affaires d’un restaurant ? Que vaut ce papier si pour payer vos impôts on ne vous l’a jamais exigé ? Que vaut ce papier si votre taxe d’habitation ne vous a pas été remboursé parce qu’il manquait ? Que vaut-il s’il ne vous a pas empêché d’ouvrir un compte en banque et que votre bailleur ne vous l’a jamais exigé ? La main d’œuvre étrangère d’Hippopotamus a été licenciée ; sans droits, puisque sans-papiers. Le Restaurant dans lequel ils ont travaillé ces cinq dernières années était le seul endroit où ils pouvaient trouver asile ; avec leur licenciement leur asile est devenu caduc. Avec leur maigre épargne, ils vont survivre pendant quelques mois ; ensuite, ils se retrouveront à la rue, dans les centres d’hébergement d’urgence, à la Croix rouge. Et un beau jour, lors d’un banal contrôle au faciès, ils se retrouveront en garde à vue avant d’être envoyés dans un Centre de rétention administrative ; Trente jours après, ils seront menottés et embarqués de force dans un avion qui les ramène dans leurs pays d’origine respectifs. Le voyage coûtera au contribuable 5300 € par tête de turc éloigné.

Ceci est l’histoire banale de milliers d’étrangers en France. Le Ministère de l’immigration, de l’intégration et de l’identité nationale aura entre autres tâches, de veiller au respect scrupuleux des procédures d’éloignements que nous avons décrites. Maintenant vous savez ce que veut dire le terme co-développement.

samedi 24 novembre 2007

« Compétences et Talents »: de qui parle-t-on ?

Compétences et talents » est le nom du nouveau titre de séjour que les politiques veulent
mettre en place. Cette réforme fait suite (et fin?) aux nombreuses réformes qui visent à entraver et durcir les conditions d’établissement des étrangers en France. L’esprit (et la lettre) de ce nouveau titre de séjour, n’est rien moins qu’une nouvelle manière de « pomper » légitimement les ressources intellectuelles des pays en voie de développement. Les politiques se proposent avec cette nouvelle réforme, de légaliser la fuite des derniers cerveaux africains et
asiatiques, dés lors qu’ils participent au rayonnement de la France. Mais que deviendront les pays d’origine sans ces compétences et talents? Mais encore et surtout, que faisons-nous de tous ces étrangers (estimés entre 200.000 et 400.000) qui sont en France depuis plusieurs années, et qui y ont construit leur vie alors même qu’ils n’ont pas de papiers. Qu’allons nous faire
de ces braves gens qui balaient nos rues, qui construisent nos complexes sportifs, mais qui sont sans droits, puisque sans papiers? Les barricades que l’Europe érige sont en train de tuer
des milliers d’africains, le titre de séjour « compétences et talents » va en tuer des millions,
puisque aucun pays au monde ne peut (et ne veut ) vivre sans ses cerveaux. Les personnes que nous recevons dans notre permanence ne sont pas des polytechniciens, mais elles ont du braver les mers et les déserts pour venir en France. A nos yeux, cet exploit vaut tout les talents et toutes les compétences du mondes

lundi 19 novembre 2007

Mauritanie-Espagne: Les liaisons dangereuses

Sous la pression de l’Union Européenne, la Mauritanie arrête, enferme et expulse de jeunes sub-sahariens qui tentent, par la mer, de rejoindre les îles espagnoles. Une frénétique coopération de répression de l’immigration lie désormais l’Espagne à ce pays de 3.000.000 habitants qui a depuis des décennies accueilli sur son territoire des migrants ouest-africains. En poussant la Mauritanie dans ses retranchements sécuritaires, l’Europe est en train de semer les germes d’une discorde régionale que les pays africains ont mis tant d’années à construire.

A 470 km de Nouakchott se trouve Nouadhibou, nouveau port de départ des migrants ouest-africains repoussés par les rigueurs des déserts algérien et marocain mais aussi par le zèle que mettent les autorités de ces pays à les pourchasser. De Nouadhibou, « on voit les lumières de l’Europe » tel que, naïvement, me l’assure Adama, jeune migrant malien ; mais à Nouadhibou, on voit surtout ces milliers de migrants qui travaillent à longueur de journée et qui attendent patiemment, obstinément que les pirogues les emportent de l’autre côté, sur les rives espagnoles. Abou, migrant sénégalais me raconte : « Je suis venu de Touba avec un groupe d’amis. nous avons dû payer les policiers, les gendarmes et les douaniers pour arriver jusqu’à Nouadhibou ; nous avons embarqué le soir même de notre arrivée à Nouadhibou et nous avons dû débourser 200.000 ouguiyas (600 €) chacun pour pouvoir embarquer, malheureusement notre pirogue était surchargée et nous avons dû rebrousser chemin. Maintenant nous négocions avec le passeur pour qu’il nous redonne la possibilité d’embarquer à moindre coût ». A Nouadhibou, on voit aussi au port artisanal, les navires de la Gendarmerie nationale, et dans les quartiers pauvres où vivent ces migrants, des policiers venus poser des questions et faire des perquisitions. « Un jour avant que nous n’embarquions pour l’Espagne, une patrouille de Police est venue nous poser des questions sur ce que nous sommes venus faire à Nouadhibou ; après plusieurs heures d’interrogation, et quelques milliers d’ouguiyas rackettés, ils nous ont suggéré de nous tenir tranquilles. Pendant une semaine, nous n’avons pas osé sortir, de peur d’être arrêtés et enfermés à Guantanamo ». « Guantanamo » est le nom que les migrants et les habitants de la ville donnent au Centre de rétention de Nouadhibou. Ce centre est situé à la périphérie de la ville, dans un quartier sub-populaire nommé « Jadida. Une vingtaine de tentes militaires y sont installés et les murs ont été surélevés et surmontés de barbelés. C’est dans ce quartier insalubre fait de tôles, de baraquements et de tentes que vivent les plus pauvres des habitants de Nouadhibou ; et c’est dans cet îlot de misère que l’Espagne a aidé la Mauritanie à concrétiser son nouveau rôle de geôlier des migrants subsahariens. Ousmane Kébé, jeune sénégalais de 22 ans « j’ai été arrête à l’entrée de Nouadhibou et emprisonné 25 jours au centre de rétention ; j’ai été transféré à Nouakchott ou j’ai été enfermé 3 jours et j’ai fini d’être rapatrié par Rosso ». Rosso se trouve à 200 km au sud de Nouakchott et c’est par cette »porte de rapatriement » que sont renvoyés tous les migrants sub-sahariens qui ne sont pas maliens et qui passent par le Centre de rétention de Nouadhibou. La « porte de rapatriement » des maliens, c’est la petite localité de Gougui, située dans la préfecture de Nioro, à l’ extrême sud-est de la Mauritanie. Le Centre de rétention de Nouadhibou, l’accord de rapatriement des immigrés illégaux signé en 2003 avec l’Espagne et le récent accord de « régulation et de gestion des flux migratoires » signé en aout 2007 avec cette même Espagne sont les ingrédients d’une vampirisation rampante de la Mauritanie. Avec ses accords-pièges, la Mauritanie va petit à petit se transformer en une bête immonde vis-à-vis de migrants qui ont toujours eu leur place et dans leur cœur des mauritaniens, et sur leur territoire. Cette liaison dangereuse dans le contexte économique actuel rendra les « chargés de la lutte contre l’immigration » plus gourmands : ils réclameront de plus en plus d’argent aux migrants, les perquisitions seront de plus en plus fréquentes, les enfermements plus longs, plus douloureux et les expulsions seront plus musclés. Et un beau jour, comme au Maroc, un journal écrira dans un gros titre « les crickets noirs nous envahissent »[1] ou quelque chose qui y ressemble ; ajoutez-y un petit nationaliste étroit en manque d’inspiration idéologique, et la Mauritanie sombrera dans le chaos.

La Mauritanie n’a rien, absolument rien à gagner du rôle que l’Europe est en train de lui faire jouer. Les migrants sont de notre monde et les relations que la Mauritanie entretient avec eux valent toutes les richesses du monde.

[1] C'est le grand titre de la première page du journal hebdomadaire marocain Ashamal du 06/09/2005

Quand l’Europe ferme ses portes, l’Afrique perd son âme


Depuis plusieurs années, L’Europe a décidé de fermer ses portes à l’immigration qui vient du Sud ; l’ouverture de ses frontières vers le Nord (pays européens) justifie, à ses yeux, cette politique. L'archipel espagnol des Canaries, situé en face des côtes marocaines, s'est habitué à voir débarquer sur ses côtes des pirogues chargées de candidats africains à l'immigration clandestine ; selon « Fortress Europe » 7.180 immigrés sont morts aux frontières de l’Europe depuis 1988, dont 2.141 disparus en mer. En déléguant aux pays tampons la gestion de cette immigration sauvage, les fondements de la légendaire solidarité africaine se fissurent et le phénomène migratoire intra-africain s’en trouve bouleversé.

En Afrique, le caractère « naturel » de l’appartenance à une nation n’est pas aussi marqué qu’en Europe. La construction des sociétés en Etats-nations est le produit des cultures politiques occidentales. En Afrique, c’est la notion de peuples qui est plus pertinente et plus parlante. L’Etat connait les frontières, la souveraineté sur son territoire ; les peuples n’en connaissent pas, car tous sont « frères » et « cousins ». L’Etat-nation fabrique « l’étranger » en fixant des frontières mais les peuples ne connaissent pas les frontières, mais « l’hôte », celui qui vient de l’autre culture.

Les barricades de l’Europe ont eu raison de la solidarité légendaire des pays africains. Voici quelques exemples pour illustrer ce gâchis.

Le Maroc a longtemps été un pays d’accueil « intellectuel » pour les sub-sahariens ; plusieurs étudiants de l’Afrique noire y ont séjourné ces 30 dernières années, notamment des sénégalais ; depuis des accords signés entre le Maroc et l’Europe sur la coopération dans la lutte contre l’immigration clandestine, le Maroc rafle des subsahariens, les enferme et les laisse mourir aux portes du désert. Le racisme latent du peuple marocain ressurgit et un grand quotidien n’hésitait pas à titrer : « les crickets noirs nous envahissent » en parlant des immigrants sub-sahariens.

En Algérie, point de passage obligé pour des nigériens, des nigérians et des maliens, la Gendarmerie a capturé plus de 6000 immigrants clandestins sub-sahariens lors de ces trois dernières années, et une action en justice a été intentée contre plus de 3000 d'entre eux. Entre 1992 et 2003, 28 828 immigrants clandestins originaires des pays d’Afrique subsaharienne ont été interpellés aux frontières sud de l’Algérie avant d’être refoulé dans leurs pays d’origine

La Libye a longtemps été une terre d’immigration de travail pour les sub-sahariens. Beaucoup de mauritaniens, de sénégalais et de maliens y ont travaillé dans les chantiers du pays. Depuis l’été 2004, la Libye est devenue le chouchou de l’UE et des pays industrialisés ; depuis la levée de l’embargo sur les armes fin 2004, il ne se passe pas de semaine sans que chefs de gouvernement, ministres, dignitaires de l’UE et des Nations Unies ne viennent à Tripoli négocier de fructueux contrats et raffermir le colonel Kadhafi dans son rôle de gendarme de l’Afrique du Nord, en délégant à ce pays, qui n’a signé aucun traité international sur la protection des réfugiés, le soin d’arrêter, emprisonner et expulser les migrants qui tentent d’atteindre l’Europe. L’Italie construit trois camps sur le sol libyen pour empêcher les sub-sahariens d’arriver sur l’île italienne de Lampedusa.

Jusqu’à récemment, la Mauritanie s’était peu impliquée dans la lutte contre l’immigration clandestine, mais depuis deux ans, elle flirte allégrement avec l’UE pour séquestrer et maltraiter les migrants. Avec 5 000 km de frontières terrestres et 740 km de frontières maritimes, il est extrêmement difficile pour la Mauritanie de contrôler l’afflux incessant d’immigrants clandestins sur son territoire. Pour venir en aide à la Mauritanie, l’Espagne a envoyé quatre patrouilleurs, un hélicoptère et une vingtaine de gendarmes de la garde civile. Ces derniers ont été déployés dès le mois de mai 2006. Depuis, ils ont mis en place des patrouilles côtières et formé des forces de sécurité mauritaniennes. Les immigrés qui souhaitent rejoindre l’Europe se massent dans la ville de Nouadhibou, au nord-ouest de Nouakchott. Ils étaient plus de 10 000 candidats au départ en 2006. Les patrouilles maritimes ont permis à la Mauritanie d’intercepter puis d’expulser quelque 10 000 ressortissants d’Afrique de l’ouest qui tentaient de rejoindre en pirogues les côtes de l’archipel espagnol des Canaries. Martin Bouygues est en train de construire un camp dans la ville portuaire de Nouadhibou. On y enferme de nombreux sénégalais, maliens, gambiens, ivoiriens et guinéens de Bissau.

Au Sénégal, la France a signé en septembre 2006, un accord portant sur la gestion des flux migratoires entre les deux pays, au moment où la pression des migrants s’accentue aux frontières sud de l’Europe. Les jeunes sénégalais ont payé un lourd tribut à l’océan atlantique ; par vingtaines et depuis plus d’un an, ils tentent à bord de grandes pirogues, de parcourir les 1 500 kilomètres qui séparent le Sénégal de l’archipel espagnol des Canaries. Un Collectif des femmes pour la lutte contre l’immigration clandestine se bat pour que les jeunes pêcheurs de Thiaroye ne risquent plus leur vie pour rallier l’Europe.

Pour finir ce tour d’Afrique, il faut aller voir du côté du Mali. Au mali l’immigration est un vecteur de développement. Les 60 millions de francs français transférés chaque année par les maliens qui vivent avec ou sans-papiers en France pèsent plus lourd que le total des crédits internationaux de coopération. Le commissaire européen Louis Michel a annoncé jeudi 7 février la création, courant 2007, d'un Centre d'information et de gestion des migrations (CIGM) à Bamako. "Le Mali est considéré par l'Union européenne comme le pays idéal en Afrique pour la mise en route de programmes en faveur du concept migrations-développement. C’est au Mali que s’arrêteront les camps où on enferme des étrangers car Le Mali est un pays à part sur le continent africain : il est démocratique et a une tradition d'émigration qui n'est pas uniquement liée à la pauvreté du Sahel.

Pour conclure il faut noter qu’il est indéniable que les exigences de la fermeture des frontières européennes ont conduit certains pays africains à durcir leur politique d’accueil vis-à-vis de leurs voisins. Le rôle que l’Europe veut leur faire tenir n’est pas taillé sur mesure pour les cultures qui sont siennes. La libre circulation qui caractérisait beaucoup d’espaces régionaux africains est en train de mourir, par la faute des politiques européennes de fermeture des frontières.