samedi 18 octobre 2008
mardi 29 avril 2008
Ces migrants que l’on criminalise !
Mon Cher Frère, L'Eldorado n'est pas en Occident, j’en conviens avec vous car je sais ce qui se passe pour ceux qui arrivent ici ; mais mon propos n’est pas de dire qu’en Europe tout est beau, tout est possible et que tout est facile. Mon propos est surtout de montrer que ce sont les politiques qui sont mises en place en Europe qui sont à l’origine des difficultés que rencontrent ces jeunes dans nos pays. Enfermer des étrangers, les rafler et les expulser, ce n’est pas dans la Culture de notre pays et qui nous est interdit de céder à la paranoïa de l’immigration clandestine dans laquelle les européens veulent nous enfermer encore et toujours. Ce n’est pas en réprimant les étrangers que nous pourrons aider les jeunes à se construire, ce n’est pas en étant les gendarmes de l’Europe que nous gagnerons en dignité. C’est facile de dire qu’ils meurent en prenant des pirogues, mais qu’on leur facilite l’obtention d’un visa et ils ne mourront plus en mer, que les chefs d’Etat corrompus de nos pays et leurs ministres arrêtent de s’en mettre plein les poches et commencent à penser aux pauvres qu’ils fabriquent tous les jours. En plus, voyez-vous, je suis pour la libre circulation et la libre installation des hommes et des femmes. Que chaque homme et femme vive librement dans le pays qu’il a choisi de vivre. Nous admettons facilement que des œuvres d’art, que des produits circulent entre les pays mais nous admettons difficilement que des hommes libres puissent aller chercher le meilleur pour eux dans une autre partie du globe. Ceux qui meurent dans les pirogues préfèrent ce sort funeste que celui d’attendre que la mort vienne à leur rencontre. Les gens veulent vivre, tout simplement, et vivre dignement. Vous n’avez sûrement, comme moi, jamais été tenté par ces aventures, mais il y’a à côté de vous, des voisins qui vivent avec moins d’un € par jour et par personne et qui ne veulent pas mourir dans la précarité ; Vous savez, le plus drôle dans cette histoire c’est qu’il y’ a des jeunes qui ne partent pas à l’aventure à cause de leur situation de pauvreté ; j’ai rencontré un jeune de Touba, fils d’une riche famille de cette ville. Il disait qu’il partait pour « Yiddé Wondé », c'est-à-dire devenir quelqu’un, quelque chose en Pulaar. On ne part pas que pour l’argent, on part aussi parce que nous sommes des hommes qui aimons découvrir d’autres contrées, d’autres peuples, d’autres civilisations ; nous aimons aller à la rencontre des autres. Jusqu’à aujourd’hui, à l’intérieur de notre sous-région, des hommes quittent leur progéniture pendant de longs mois pour aller chercher de quoi les nourrir ; se déplacer d’un endroit à un autre pour chercher un mieux-être pour soi et pour ses proches n’est pas un crime et à trop vouloir comprendre la politique de l’immigration à la sauce européenne, on peut perdre de vie l’essence de cette « recherche du bonheur ».
C’est vous dire que c’est un problème complexe que cette question d’immigration clandestine que l’Europe veut nous vendre ; Par ailleurs, il est juste que cette Europe qui a longtemps pillé nos matières premières et qui veut désormais piller notre matière grise se rende compte que ce sont les politiques catastrophiques qu’elle a mise en place au cours de ces dernières décennies qui est responsable de ces « pirogues de la mort » ; quand les pêcheurs de Thiaroye- sur- mer , rescapés de la mer disent qu’ils sont prêts à y retourner à la première occasion, ils n’entendent que le cri strident des poissons qu’ils ne peuvent plus pêcher sur leurs côtes car des chalutiers occidentaux sont passés par là. Je comprends parfaitement que ce pêcheur veuille rejoindre « son » poisson qui se retrouve dans les marchés occidentaux à un prix qu’il n’oserait pas imaginer. Rocard, homme de gauche disait que la « France ne peut pas accueillir toute la misère du monde », mais tout le monde a oublié la chute de sa phrase pour n’en retenir que la moitié ; il ajoutait que la France « devait en prendre sa part ». Je pense que c’est cette partie de sa phrase qui est la plus importante et que c’est cette partie de sa phrase que l’Europe veut aujourd’hui renier en ne prenant plus sa part dans la misère du monde, qu’elle a pourtant longuement contribué à entretenir ; Elle veut s’isoler, se barricader et éloigner de ses frontières tous les pauvres que nous sommes. Les jeunes qui traversent ces océans sont des personnes braves, qui ont beaucoup de dignité et qui veulent simplement améliorer le sort de leurs proches sur terre et je préfère ceux-là à ceux qui s’explosent à la dynamite pour une place au paradis. « Ouvrez les frontières » et ils ne mourront plus, ai-je envie de dire à l’Europe mais aussi à cette Afrique qui est petit à petit en train de perdre son âme en criminalisant les jeunes migrants qui tentent de rejoindre les côtes européennes.
Wa Salaam
dimanche 9 décembre 2007
L'Europe au secours du dispositif répréssif sénégalais
Après le naufrage d'un pirogue qui a chaviré au larges des côtes sénégalaises avec à son bord 130 passagers et un bilan macabre de 39 morts ce samedi 8 novembre 2007, un lieutenant-Colonel de l'armée sénégalaise, porte-parole deFrontex, explique la redoutable efficacité du dispositif Frontex. "De saint-Louis au Cap Skirring, toutes les plages sont biens surveillées aussi bien par les forces de Police et par les forces de Gendarmerie et que en Haute mer, les navire de la marine sénégalaise sillonent et surveillent et également les avions de l'armée de l'air qui surveillent les côtes". L'Europe au secours du dispositif répressif africain. Ouvrez bien vos oreilles.
samedi 1 décembre 2007
Migrants, passeurs et intercepteurs: la valse à 3 temps
Des migrants sénégalais en partance pour l'Europe arrêtés par les gardes côtes sénégalais; une jeune femme qui fait office de passeur et qui raconte le rôle qu'on lui fait jouer; un officier de la PAF du Port de Dakar qui explique le dispositif de lutte contre l'immigration clandestine. Ce sont là les protagonistes du mauvais rôle que l'Europe est en train de faire jouer à l'Afrique.
mercredi 28 novembre 2007
Nicolas Sarkozy où la nouvelle définition de la présomption d’innocence
Ils s’appelaient Moushin et Larami, un peu comme Zyad et Bouna morts en 2005 par électrocution dans un transformateur EDF ; ces enfants d’immigrés sont morts après une collision avec une voiture de police le dimanche 25 novembre 2007, alors qu’ils roulaient sur une mini-moto, interdite à la circulation.
L’enquête, disons le tout de suite est close ; close par les médias ; close par les hommes politiques de droite ; close par les syndicats de policiers et par la procureure de Pontoise qui a déclaré mardi que « l'examen technique de la moto et de la voiture de police corroborait les premiers éléments de l'enquête et écarte donc la responsabilité des policiers dans l'accident…... La retranscription des messages radio montre également que les policiers étaient présents à l'arrivée des secours ». Et toc, c’est fini et dites vous bien que Moushin et Larami ne resteront plus que dans la mémoire des Beauvillerois.
Dés l’annonce du drame, le gouvernement de Sarkozy est parti prendre des nouvelles des policiers et pompiers qui ont essuyé des tirs à Villiers-le-bel. Nous avons assisté, à la télévision, à une visite pathétique du Premier Ministre au PC de sécurité, où il s’est entretenu avec un policier blessé au poignet et visiblement traumatisé, après les nuits de violences. Presque au même moment, le père de Larami, l’un des adolescents décédés, demandait juste une chose : « la vérité et la justice »
Au-delà des violences de ces dernières nuits, qu’il ne faut surtout pas excuser ou absoudre, c’est encore une fois la réponse du gouvernement de Fillon qui nous glace véritablement le sang. Non seulement on ne parlera plus de ces jeunes adolescents de 15 et 16 ans, « morts pour la France » quand même, mais on s’acharne contre les jeunes, biens vivants cette fois-ci, qui expriment leur ras-le-bol contre des politiques, vieilles de trente ans, qui n’ont jamais fait que les marginaliser davantage. Le primus inter pares des Ministres a déjà déclaré que « Le gouvernement est totalement déterminé à faire en sorte que l'ordre revienne le plus rapidement possible sur ce territoire"; il ajoute par ailleurs que "tous les moyens seraient donnés aux forces de l'ordre" pour y parvenir. Michèle Alliot-Marie, la ministre de l'Intérieur, indique pour sa part que le "dispositif policier" mis en place serait "maintenu autant que nécessaire" et que les "délinquants" ne pouvaient "espérer aucune tolérance". Dès sa descente d’avion, Sarkozy, qui a pris des leçons sur les de Droits de l’Homme en Chine, fait monter les enchères et affirme que "Ceux qui prennent la responsabilité de tirer sur des fonctionnaires se retrouveront devant la Cour d'assises. Cela porte un nom, c'est une tentative d'assassinat". Le tribunal correctionnel de Pontoise avait d’ailleurs assez rapidement ordonné le placement sous mandat de dépôt de huit jeunes hommes accusés d'avoir participé aux violences ; et quatre d’entre eux ont d’ores et déjà été condamnés à des peines de trois à dix mois de prison ferme.
Contre l’indignation violente de la mort violente de l’un d’entre eux, les jeunes de Villiers-le-bel n’ont d’autre réponse à leur haine, qu’à la haine du gouvernement de Sarkozy. On peut se demander pourquoi avec Sarkozy, il y’a des lieux où la présomption d’innocence joue assez instantanément (par exemple avec lui sur l'enquête préliminaire portant sur les conditions d'acquisition d'un appartement à Neuilly-sur-Seine, avec son ami Bernard Laporte visé par une enquête fiscale et avec Arnaud Lagardère sur le délit d’initiés concernant la vente du capital d'EADS), et que sur d’autres lieux (en banlieues sensibles) , cette présomption d’innocence ne joue quasiment jamais.
La Cour des comptes avait dernièrement rendu un rapport accablant, sur la gestion des fonds attribués aux banlieues. La cour des comptes y dénonçait entre autres la "lourdeur des dispositifs", "l'inconstance des politiques", "les retards de paiement aux associations", ou encore le "désengagement de l'Etat avant les émeutes" de 2005. Grosso modo, la Cour des comptes remettait en cause toutes les politiques qui ont été mises en place, par les gouvernements de droite sur les banlieues. C’est un constat d’échec qui ne peut être expliqué que par la façon dont l’ancien ministre de l’intérieur gère ces banlieues qu’il déteste tant.
La France de Sarkozy risque, si l’on y prend garde, de devenir Jena, cette petite ville de Louisiane, aux Etats-Unis où lorsqu’on est un groupe de blancs et que l’on tabasse un jeune noir, on est inculpé pour « coups et blessures, en réunion » ; et à contrario, lorsqu’on est un groupe de jeunes noirs et que l’on tabasse un jeune blanc, on est inculpé pour « tentative de meurtre ». Yvan Colonna, le berger de Cargèse, n’est pas noir mais la justice de Sarkozy va démontrer que dans cette histoire de meurtre, qu’à défaut d’être le mouton noir, Yvan Colonna est le bouc émissaire.
mardi 27 novembre 2007
Quand Hippopotamus Grill(e) ses sans-papiers
Ils étaient cinq, comme le nombre d’années qu’ils ont passé à travailler dans un restaurant connu de l’Essonne ; Ils sont maliens, ivoiriens, malgaches et sont arrivés en France presqu'à la même époque. Pour survivre sans-papiers en France, c’est bien connu, il faut travailler au « Black » et ces blacks ont trouvé du travail dans un restaurant de Gif sur Yvette. Pendant cinq longues années, ils ont fait partie de la France qui se levait tôt, de celle qui travaillait plus pour ne pas gagner grand chose ; ils sont locataires, parents d’enfants scolarisés, intégrés en France et solidaires de leurs compatriotes restés dans leurs pays d’origine. A la fin du mois de mai, le restaurant à été repris par Hippopotamus et la première décision prise par le nouvel employeur a été de les licencier. Mais que vaut un papier si pendant cinq années vous n’en avez pas eu besoin pour augmenter le Chiffre d’affaires d’un restaurant ? Que vaut ce papier si pour payer vos impôts on ne vous l’a jamais exigé ? Que vaut ce papier si votre taxe d’habitation ne vous a pas été remboursé parce qu’il manquait ? Que vaut-il s’il ne vous a pas empêché d’ouvrir un compte en banque et que votre bailleur ne vous l’a jamais exigé ? La main d’œuvre étrangère d’Hippopotamus a été licenciée ; sans droits, puisque sans-papiers. Le Restaurant dans lequel ils ont travaillé ces cinq dernières années était le seul endroit où ils pouvaient trouver asile ; avec leur licenciement leur asile est devenu caduc. Avec leur maigre épargne, ils vont survivre pendant quelques mois ; ensuite, ils se retrouveront à la rue, dans les centres d’hébergement d’urgence, à la Croix rouge. Et un beau jour, lors d’un banal contrôle au faciès, ils se retrouveront en garde à vue avant d’être envoyés dans un Centre de rétention administrative ; Trente jours après, ils seront menottés et embarqués de force dans un avion qui les ramène dans leurs pays d’origine respectifs. Le voyage coûtera au contribuable 5300 € par tête de turc éloigné.
Ceci est l’histoire banale de milliers d’étrangers en France. Le Ministère de l’immigration, de l’intégration et de l’identité nationale aura entre autres tâches, de veiller au respect scrupuleux des procédures d’éloignements que nous avons décrites. Maintenant vous savez ce que veut dire le terme co-développement.
samedi 24 novembre 2007
« Compétences et Talents »: de qui parle-t-on ?
mettre en place. Cette réforme fait suite (et fin?) aux nombreuses réformes qui visent à entraver et durcir les conditions d’établissement des étrangers en France. L’esprit (et la lettre) de ce nouveau titre de séjour, n’est rien moins qu’une nouvelle manière de « pomper » légitimement les ressources intellectuelles des pays en voie de développement. Les politiques se proposent avec cette nouvelle réforme, de légaliser la fuite des derniers cerveaux africains et
asiatiques, dés lors qu’ils participent au rayonnement de la France. Mais que deviendront les pays d’origine sans ces compétences et talents? Mais encore et surtout, que faisons-nous de tous ces étrangers (estimés entre 200.000 et 400.000) qui sont en France depuis plusieurs années, et qui y ont construit leur vie alors même qu’ils n’ont pas de papiers. Qu’allons nous faire
de ces braves gens qui balaient nos rues, qui construisent nos complexes sportifs, mais qui sont sans droits, puisque sans papiers? Les barricades que l’Europe érige sont en train de tuer
des milliers d’africains, le titre de séjour « compétences et talents » va en tuer des millions,
puisque aucun pays au monde ne peut (et ne veut ) vivre sans ses cerveaux. Les personnes que nous recevons dans notre permanence ne sont pas des polytechniciens, mais elles ont du braver les mers et les déserts pour venir en France. A nos yeux, cet exploit vaut tout les talents et toutes les compétences du mondes