Ils s’appelaient Moushin et Larami, un peu comme Zyad et Bouna morts en 2005 par électrocution dans un transformateur EDF ; ces enfants d’immigrés sont morts après une collision avec une voiture de police le dimanche 25 novembre 2007, alors qu’ils roulaient sur une mini-moto, interdite à la circulation.
L’enquête, disons le tout de suite est close ; close par les médias ; close par les hommes politiques de droite ; close par les syndicats de policiers et par la procureure de Pontoise qui a déclaré mardi que « l'examen technique de la moto et de la voiture de police corroborait les premiers éléments de l'enquête et écarte donc la responsabilité des policiers dans l'accident…... La retranscription des messages radio montre également que les policiers étaient présents à l'arrivée des secours ». Et toc, c’est fini et dites vous bien que Moushin et Larami ne resteront plus que dans la mémoire des Beauvillerois.
Dés l’annonce du drame, le gouvernement de Sarkozy est parti prendre des nouvelles des policiers et pompiers qui ont essuyé des tirs à Villiers-le-bel. Nous avons assisté, à la télévision, à une visite pathétique du Premier Ministre au PC de sécurité, où il s’est entretenu avec un policier blessé au poignet et visiblement traumatisé, après les nuits de violences. Presque au même moment, le père de Larami, l’un des adolescents décédés, demandait juste une chose : « la vérité et la justice »
Au-delà des violences de ces dernières nuits, qu’il ne faut surtout pas excuser ou absoudre, c’est encore une fois la réponse du gouvernement de Fillon qui nous glace véritablement le sang. Non seulement on ne parlera plus de ces jeunes adolescents de 15 et 16 ans, « morts pour la France » quand même, mais on s’acharne contre les jeunes, biens vivants cette fois-ci, qui expriment leur ras-le-bol contre des politiques, vieilles de trente ans, qui n’ont jamais fait que les marginaliser davantage. Le primus inter pares des Ministres a déjà déclaré que « Le gouvernement est totalement déterminé à faire en sorte que l'ordre revienne le plus rapidement possible sur ce territoire"; il ajoute par ailleurs que "tous les moyens seraient donnés aux forces de l'ordre" pour y parvenir. Michèle Alliot-Marie, la ministre de l'Intérieur, indique pour sa part que le "dispositif policier" mis en place serait "maintenu autant que nécessaire" et que les "délinquants" ne pouvaient "espérer aucune tolérance". Dès sa descente d’avion, Sarkozy, qui a pris des leçons sur les de Droits de l’Homme en Chine, fait monter les enchères et affirme que "Ceux qui prennent la responsabilité de tirer sur des fonctionnaires se retrouveront devant la Cour d'assises. Cela porte un nom, c'est une tentative d'assassinat". Le tribunal correctionnel de Pontoise avait d’ailleurs assez rapidement ordonné le placement sous mandat de dépôt de huit jeunes hommes accusés d'avoir participé aux violences ; et quatre d’entre eux ont d’ores et déjà été condamnés à des peines de trois à dix mois de prison ferme.
Contre l’indignation violente de la mort violente de l’un d’entre eux, les jeunes de Villiers-le-bel n’ont d’autre réponse à leur haine, qu’à la haine du gouvernement de Sarkozy. On peut se demander pourquoi avec Sarkozy, il y’a des lieux où la présomption d’innocence joue assez instantanément (par exemple avec lui sur l'enquête préliminaire portant sur les conditions d'acquisition d'un appartement à Neuilly-sur-Seine, avec son ami Bernard Laporte visé par une enquête fiscale et avec Arnaud Lagardère sur le délit d’initiés concernant la vente du capital d'EADS), et que sur d’autres lieux (en banlieues sensibles) , cette présomption d’innocence ne joue quasiment jamais.
La Cour des comptes avait dernièrement rendu un rapport accablant, sur la gestion des fonds attribués aux banlieues. La cour des comptes y dénonçait entre autres la "lourdeur des dispositifs", "l'inconstance des politiques", "les retards de paiement aux associations", ou encore le "désengagement de l'Etat avant les émeutes" de 2005. Grosso modo, la Cour des comptes remettait en cause toutes les politiques qui ont été mises en place, par les gouvernements de droite sur les banlieues. C’est un constat d’échec qui ne peut être expliqué que par la façon dont l’ancien ministre de l’intérieur gère ces banlieues qu’il déteste tant.
La France de Sarkozy risque, si l’on y prend garde, de devenir Jena, cette petite ville de Louisiane, aux Etats-Unis où lorsqu’on est un groupe de blancs et que l’on tabasse un jeune noir, on est inculpé pour « coups et blessures, en réunion » ; et à contrario, lorsqu’on est un groupe de jeunes noirs et que l’on tabasse un jeune blanc, on est inculpé pour « tentative de meurtre ». Yvan Colonna, le berger de Cargèse, n’est pas noir mais la justice de Sarkozy va démontrer que dans cette histoire de meurtre, qu’à défaut d’être le mouton noir, Yvan Colonna est le bouc émissaire.
1 commentaire:
J'ai aussi été choquée hier soir en regardant les informations sur France 3.
Pourquoi s'attarder au chevet des policiers ?
Deux ados ont perdu la vie. C'est à eux qu'il faut rendre hommage, quoi qu'ils aient fait. C'est tout juste si leurs prénoms sont donnés.
Les gros plans sur les blessures à l'oeil de tel policier, est-ce pour faire oublier la mort des enfants ? Le deuil de leurs parents, de leurs amis ?
Sur le plan purement humain, quelque chose ne va pas dans ce pays...
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